MEUTE/Une légende : Carnet de résidence 

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MEUTE/Une légende

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Lycée Mermoz / semaine 4 [du 16 au 20 janvier 2017]
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Mermoz, semaine 5
 
Mermoz, semaine 6
 
Florilège de textes par les élèves (2017)
Lundi
Arrivée sans tambour ni trompette, ce lundi matin, avec une sensation évidente de déjà-vu. Avec un sentiment rassurant d’être en terrain connu (et non pas "terre inconnue"). 
 
Une année s’est écoulée et pourtant… 
 
À part le démontage des Algécos qui laissent la place à un plus vaste parking, la petite vie qui s’organise dans les couloirs de Mermoz semble immuable.
Quelques élèves nous reconnaissent au passage. 
 
Nous retrouvons Mme Rodriguez, l’intendante émérite du lycée qui nous accueille de son large sourire et de ses nombreux jeux de clés. 
Nous retrouvons l’internat (… une minute de silence …) où nous posons nos valises.
Nous retrouvons aussi rapidement nos marques dans l’escalier qui mène à la salle des profs. 
Quelques retrouvailles avec des professeur(e)s. Quelques "bavardages intempestifs" à côté du radiateur et nous voilà au perchoir, à coté de la salle de réunion au quatrième étage où nous installons nos bureaux pour la semaine.
 
Ensuite, nous allons aux ateliers de menuiserie pour exposer à Serge, l’un des enseignants, le projet scénographie-théâtre que nous avons imaginé avec deux classes de menuisiers. Nous sommes accueillis avec de grands yeux ronds par la dizaine d’élèves présents.
À 13h, nous plongeons dans le vif du sujet avec les FTMA en B5. Ce sont les mêmes qui étaient restés dubitatifs le matin-même quand nous avions évoqué la SCÉNOGRAPHIE. Qu’est-ce que c’est que ce mot étrange ? Barbare, même !?
On parle de MEUTE/Une légende (bien sûr). On parle de théâtre (évidemment). On lit ensemble la première scène de la pièce et on la commente.
 
L’étonnement voire la méfiance de certains s’estompe et laisse place à la curiosité. Alors, on leur donne rendez-vous mercredi matin avec la scénographe de la compagnie Troupuscule, Élodie Monet, avec des rêves de décor plein la tête ! Plus précisément, on leur demande de réfléchir et de faire un croquis de ce qu’ils imagineraient comme scénographie sur la première scène.
 
Ensuite la fièvre de la réunionite nous assaille et la journée passe vite jusqu’à 19h. 19h c’est l’heure du réfectoire. Nous retrouvons la team cantine avec plaisir.
 
Puis nous gagnons nos pénates de l’internat pour s’y poser tranquillement.
Mardi
7h du mat j’ai des frissons !
Le réveil ne sonne pas ce matin, le réveil assassine. Enfin ça pique quoi, y a des matins comme ça…
Première nuit à l’internat et sûrement pas la dernière…
 
Premier atelier avec la classe TARCU, dont les élèves se préparent au secrétariat et à l’accueil. Mariana Lézin, directrice artistique de la compagnie, lance les débats sur les questions de violence et de radicalisation. Qu’est-ce qui pousse un individu à commettre des actes extrêmes ?
On commence doucement les premiers exercices quand brusquement on assiste à un coup de théâtre : l'entrée fracassante d’un professeur en colère qui se plaint de ne pas avoir été tenu au courant. Une partie du groupe devait le rejoindre pour suivre ses cours. Violence…
 
La séance est remise à plus tard et une pause s’impose.
 
Ensuite, nous arrive Martine et sa classe de 1 VENTE. Une réputation sulfureuse la précède. Mais le cours se déroule sereinement. Les débats sont de nouveau animés et intéressants. 
 
17h : besoin de sortir. D’un coup de voiture, nous voilà à arpenter les rues glacées et désertées de Béziers.
 
19h : nous rejoignons le théâtre Sortie Ouest pour assister à une réunion de crise avec l’association « les amis de Sortie Ouest ». Le lieu est menacé et les « amoureux » ou habitués du théâtre sont inquiets. Le temps est à la résistance et au combat ! La question de la place de la culture et de son importance dans une ville dirigée par l’extrême droite est au cœur des débats…
 
20h30 : 2 minutes d’arrêt en gare de Béziers ! Élodie Monet, scénographe sur le projet MEUTE/Une légende, débarque de Lyon pour deux jours intensifs de résidence.
Mercredi
7h du matin : il fait encore nuit noire. Au menu : petit-déjeuner cotonneux sur un lit de lever de soleil flamboyant.
 
Nous partons ensuite en B4 avec les TTMA et leur professeure Marina Aubin. L’ambiance est molle, refroidie par quelques éléments perturbateurs et réfractaires. Malheureusement, certains élèves n’ont pas décidé d’être là, n’ont pas décidé de suivre la filière menuiserie. Ils sont placés là parce qu’il faut qu’ils soient quelque part, ailleurs que dans la rue. Compliqué pour nous, compliqué pour les profs, compliqué pour les élèves intéressés et qui ont envie d’apprendre et compliqué pour l’avenir de cette poignée d’énergumènes. 
 
Nous n’allons pas nous arrêter à ça ! 
 
Nous sommes présents une heure dans leur classe pour les motiver à notre projet. Même principe qu’avec les TMFA : ils doivent imaginer un décor après lecture de la première scène du texte de Caroline Stella de MEUTE/Une légende. Ils doivent ensuite concevoir un croquis, poser sur le papier le fruit de leur imagination. 
Dans la foulée, nous partons aux ateliers de menuiserie, retrouver la classe de TMFA. Élodie se présente et leur explique le métier de scénographe. Grâce à son conseil avisé, les élèves développent leur imaginaire et terminent leur croquis. Prochaine étape : en cours d’Art appliqué, avec la professeure Géraldine Bayard, ils réaliseront une maquette en 3 dimensions, inspirée de leur croquis.
 
Nous retrouvons ensuite des élèves que nous connaissons bien (TCOM). Pour la plupart, nous les avions eu l’année dernière. Un élève de ce groupe, à la suite de la première résidence, s’est inscrit dans un atelier théâtre, à l’année. Ça fait chaud !
 
Le reste de la journée est dédié à des échanges d’idées sur le futur décor du spectacle. MEUTE/Une légende est créé l’an prochain à la scène nationale de Perpignan, puis programmé au théâtre de l’Étoile du Nord à Paris. La suite de la tournée est en négociation.
Les idées fusent et la discussion ouvre le champ des possibles. La réflexion continue de mûrir.
 
19h : c’est l’heure de manger, bien sûr. Tous à la cantine !
 
Pour finir la journée en beauté, nous allons engloutir une ou deux bonnes bières belges. À la vôtre !
Jeudi
Nous nous scindons en trois ce matin. Mariana va en salle poly pour un atelier théâtre avec les TEVB. Élodie travaille de son côté sur ses idées de décors et Paul part en B5 pour atelier théâtre avec les TMFA.
Les élèves sont super investis et l’ambiance est à l’amusement. 
Ces élèves ne connaissent pas une grande réussite scolaire mais on sent qu’ils prennent vite les choses en main quand on leur laisse la possibilité d’être moteur. Nous remarquons aussi qu’en tant qu’intervenants extérieurs et artistes, nous sommes bien accueillis par les élèves. Nous avons le beau rôle par rapport au statut de professeur, qui représente leur quotidien.
 
En début d’après-midi, Paul continue le travail initié avec les 1 VEN. Les promesses du premier cours s’estompent un peu. Cette classe réputée difficile, avec des "fortes têtes", semble au fond très inhibée. On leur propose des exercices qui les obligent à affronter la scène seul face à leurs camarades. Les élèves n’osent pas affronter le regard des autres et l’heure s’écoule un peu mollement. Dommage !
 
Du côté des ateliers de menuiserie, par contre, tous les élèves de TTMA se sont mis aux machines pour réaliser une maquette en bois, à partir de leur croquis. Élodie, Mariana, Paul, Marina (prof de français) et Serge (prof de menuiserie) les encadrent. Nous sommes émus de voir comment ces élèves, dont certains étaient réfractaires au début, se sont emparés du projet. Ils sont en position de créateur, de concepteur et ils ont l’initiative de mener le projet de bout en bout. Ils sont pour la plupart comme des gamins et ça fait plaisir à voir !
 
Pour continuer la journée en beauté, nous recevons les T VENTE en salle poly pour deux heures de folies théâtrales. Nous connaissions déjà très bien ce groupe que nous avons eu l’année dernière. Nous savons que le niveau est bon. Nous leur demandons de préparer des saynètes improvisées à partir de trois situations : 
- un entretien d’embauche, 
- une scène entre un vendeur et un client, 
- une scène au téléphone entre un patron et un employé. 
 
Quelques beaux moments de théâtre… On assiste, par exemple, à un entretien d’embauche décalé entre un jeune de la cité peu affable et un chef de magasin qui tente d’être conciliant. Ou encore un échange hilarant entre un client très pressé et une commerçante neurasthénique qui tourne rapidement au vinaigre. 
 
Élodie repart, de son côté, vers Lyon, contente du travail effectué avec les élèves. Elle n’avait pas encore connu l’expérience de la résidence en immersion et elle est conquise par la force de ce dispositif. Elle reviendra en troisième semaine pour rencontrer le reste de l’équipe artistique et continuer la réflexion sur la scénographie de MEUTE/Une légende.
 
Mariana et Paul termine la journée en travaillant sur l’élaboration d’une charte de médiation culturelle. En effet, la compagnie Troupuscule Théâtre cherche à développer sa vision et son approche de l’action culturelle sur le territoire. De manière générale, mais aussi plus particulièrement autour du projet « Meute/Une légende » avec un travail auprès des lycéens, à l’image de ce que nous faisons pour la deuxième année consécutive au lycée Mermoz à Béziers.
Vendredi
La journée est plus courte que les précédentes puisque nous reprenons la route après manger.
 
Mariana prend en charge les T ARCU de 8h à 10h en salle poly. Ce sont de premiers exercices de théâtre. Pendant ce temps, Paul dirige les T COM dans leurs premières tentatives d’improvisation. La scène numéro 1 voit un patron raciste accueillir la candidature d’un jeune maghrébin. La scène numéro 2 se déroule au téléphone entre un chef d’entreprise introverti et peu sûr de lui et un employé violent verbalement. Le contraste entre les deux énergies est très drôle.
 
Ces deux propositions enthousiasmantes nous donnent envie de continuer le travail sur ces improvisations en deuxième semaine et d’en tirer un texte en atelier écriture avec Caroline.
 
This is the end. À la prochaine semaine !
© Troupuscule Théâtre