MEUTE/Une légende : Carnet de résidence 

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Lycée Mermoz / semaine 1 [du 4 au 8 janvier 2016]
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Mermoz, semaine 2
 
Mermoz, semaine 3
 
Créations des élèves (2016)
Lundi
Arrivée à 8h pour se réunir avec les professeurs référents culture du lycée Jean Mermoz. Autour d’un café salvateur, nous parlons organisation, nous dessinons les derniers contours de notre présence sur place.
Et puis nous filons dans les classes à la rencontre des élèves pour se présenter à eux : dans les ateliers de menuiserie, dans les classes de vente, dans les ateliers mécanique, etc. …
Benjamin dirige son premier atelier musique avec une classe de menuiserie.
 
Le temps de prendre possession des lieux, de commencer notre travail de création, nous sommes conviés à la cantine à 18h45, oui, vous lisez bien, 18h45. C’est une mini révolution pour notre système digestif qui aura besoin d’un temps pour comprendre ce qui lui arrive.
Après un fameux repas (spéciale dédicace aux équipes de la cantine qui réalisent l’exploit de proposer de vrais bons repas dans un réfectoire scolaire), nous retrouvons les internes pour une première rencontre, un premier échange. Ils se demandent quelle est la raison de notre présence ici… Ils comprennent que nous sommes artistes. Mais pourquoi venir vivre à leur rythme, dormir à l’internat, manger à la cantine.
 
Nous nous présentons : Benjamin Civil, compositeur ; Caroline Stella, auteure ; Paul Tilmont, comédien ; Mariana Lézin, metteure en scène, ok… leurs yeux restent écarquillés.
Nous leur expliquons alors que nous travaillons sur un projet : Meute/Une légende. 
Les thèmes : la violence, la montée de la radicalisation… "Ah c’est comme ce qu’il s’est passé il y a un an… Charlie Hebdo, tout ça!"
 
Après quelques rires partagés, l'atmosphère commence à se détendre, nous commençons à nous rencontrer vraiment. Puis vient le moment de leur lire un extrait du texte, scène écrite le jour même par Caroline. Les premières réactions fusent et le débat est lancé. "Et toi qu’est-ce qui te fait violence ? Qu’est-ce qui te met en colère ?" Une élève parle du désespoir, instant de bravoure : "quand quelqu’un se sent mal, qu’il est en déprimation !". Éclats de rire général et un autre de répliquer : "C’est toi qui nous déprime !"
Mardi 
Mariana commence la journée par un petit bilan du premier jour de résidence avec Priscille Gogendeau, référente culturelle du lycée. Nous profitons ensuite de la récréation de 10h pour venir se présenter aux professeurs dans la salle des profs, tous les 4.
Nouvel atelier musique pour Benjamin avec les terminales MFA, au rythme de la percussion corporelle.
Une classe de 3ème de Madame Bécat vient échanger d’abord avec Caroline, sur le métier d’écrivaine et sur la nouvelle pièce qu’elle écrit, puis ensuite avec Benjamin en musique.
 
Dans l’après-midi, nous venons échanger avec une classe de 1ère Vente. Belle rencontre, élèves dynamiques et intéressés. Frédérique les initie déjà au théâtre. On conclue qu’ils viendront le lendemain en atelier théâtre avec nous.
 
Nous nous réunissons ensuite, tous les quatre, en fin de journée pour lire des extraits de textes, écouter des propositions musicales et sonores et échanger toutes nos idées sur le spectacle en devenir.
 
Il est 21h45, l’heure d’aller se reposer. Un élève donne un livre à Caro et une élève nous confie des textes qu’elle a écrit et qui s’approchent de ce qu’on veut raconter avec le projet Meute/Une légende.
Mercredi 
La journée commence fort par 2H d’ateliers croisés écriture/musique (Caroline et Benjamin) et dans le même temps 2h d’atelier théâtre (Mariana et Paul). 
Puis dans la foulée, 2h d’atelier croisé théâtre/musique (Mariana, Benjamin et Paul) avec la classe de 1ère Vente que nous avions rencontrée la veille.
Pendant ce temps, Caroline fait "la petite souris" comme elle dit. Elle vient observer la vie d’une classe de 3ème.
 
Après avoir constaté un problème moteur sur la 806, la voiture qui nous a conduit de Perpignan à Béziers, Paul va voir Monsieur Schulze, chef des travaux, puis Monsieur Giroud, à l’atelier mécanique. Ils arrivent avec les élèves à déterminer la panne. Le véhicule est laissé en dépôt pour réparation.
 
Un élève que nous avons eu précédemment en atelier vient dans l’algéco, l’antre du musicien Benjamin, pour jouer de la guitare et échanger sur la musique.
Jeudi 
Suite des aventures de la 806. Nous partons à la chasse à la durite avec Monsieur Schulze.
 
Pendant ce temps-là, Caroline s’attelle à l’écriture et Benjamin continue son exploration sonore et musicale.
 
Bonne nouvelle pour le projet : nous recevons la réponse positive de Nicolas Lebourg, éminent spécialiste sur les questions de radicalité et d’extrémisme, pour une collaboration à venir, suivie d’une prise de rendez-vous avec deux enseignants du conservatoire de Perpignan.
 
Puis, la cantine.
 
Puis 2h d’atelier théâtre. On en vient à parler du fanatisme, du vendredi 13 novembre, de Charlie Hebdo… C’était il y a un an déjà… funeste anniversaire…
Et puis toujours ces questions qui reviennent : "Qu’est-ce qui vous fait violence ? Qu’est-ce qui vous révolte ? Qu’est-ce qui vous met en colère ?"
Un élève se livre, un membre de sa famille est tombé le 13 novembre au Bataclan…
Et une autre question se mêle à la discussion : "Est-ce que vous sentez que quelque chose a changé à Béziers depuis les dernières élections municipales ?"
Un temps.
Puis une élève se décide : "Oui, en tant que musulmane, je sens la différence dans les regards et dans les actes (…)". Un autre, non musulman, remarque des signes comme dans le bus où le blanc est plus souvent prioritaire pour les places assises. Le débat est ouvert.
Maintenant place au théâtre, à l’interprétation et à l’improvisation !
 
Pendant ce temps-là, Caroline et Benjamin, font résonner les cages thoraciques aux rythme des percussions corporelles et délient les plumes des élèves.
 
En route pour l'atelier mécanique où nous attend notre carrosse réparé grâce aux talents de monsieur Giroud et de ses élèves. S’en suit une discussion passionnée sur leur futur métier. Nous ne comprenons pas le jugement péjoratif que la société a tendance à porter sur les bacs pros. On a devant nous des jeunes gens passionnés par ce qu’ils font et qui auront à coup sûr un travail en sortant de leur formation. Que demander de mieux?
 
Fin de journée, moment d’un premier bilan autour d’un thé bien chaud. Nous échangeons avec les enseignantes sur ce début de résidence. La discussion est enlevée et joyeuse. L’impression générale est plutôt très positive pour les artistes aussi bien que pour les profs. Pourvu que ça dure!
Vendredi 
La journée commence par un exploit retentissant d'un membre de l’équipe dont nous tairons le nom pour préserver sa réputation. Il ou elle a réussi le tour de force d’égarer ses clés de chambre sous une orange. Eh oui, dit comme ça, c’est absurde…et dit autrement aussi, d’ailleurs!
 
Après notre passage dans chaque chambre de l’internat, 16 élèves sont intéressés par le spectacle "Kiss and Cry" à Sortie Ouest, que nous leur proposons dans 2 semaines. Nous passons donc un peu de temps dans les bureaux pour organiser tout ça.
 
Puis débarque dans la salle polyvalente, une classe de gars testostéronés jusqu’aux oreilles.
Débat animé sur les mêmes problématiques. L’échange s’enflamme sur le cas du restaurateur qui, après le 13 novembre, avait vendu des images vidéos qui montrent un djihadiste ouvrir le feu dans son restaurant.
Question morale : "Peut-on vendre des images d’actes barbares, d’attentats filmés par soi-même, souvent grâce à son téléphone portable ?"
Et ensuite, on lâche les fauves dans des premières tentatives théâtrales. L’humeur est à la rigolade et au plaisir.
 
Après manger, le duo chic et choc, Caroline et Benjamin, anime un atelier d’écriture haut en couleur et d’une verve toute relative...
 
Et enfin, il est temps pour nous de retrouver notre chez nous.
 
Retour lundi, pour de nouvelles aventures.
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